« JE NE SUIS PAS UN CANON DE BEAUTÉ… ET ALORS ? »

(Ou comment vivre avec son image imparfaite ?)

Acceptez-vous tels que vous êtes

L’insatisfaction corporelle se ressent lorsqu’il y a une trop grande différence entre le corps « vécu », le corps « idéalisé » et le corps « socialement attendu ». Même si certaines personnes parviennent à se sentir bien et satisfaites avec elle-même sur le plan physique, c’est souvent de façon passagère. En réalité, l’insatisfaction corporelle reste la norme et il serait vain de vouloir la supprimer plutôt que d’apprendre à mieux vivre avec elle.

L’image que nous avons de notre corps touche bien plus d’aspects de notre vie que l’on ne l’imagine. Les quatre exemples qui suivent permettront d’illustrer cette idée.

Lorsque le corps est perçu comme beau, fort et séduisant, cela est souvent associé à une plus grande confiance en soi, à de meilleures compétences sociales et interpersonnelles. Par conséquent, cela peut jouer un rôle sur la performance.

Par contre, lorsque le corps est perçu comme une « entrave », suite à une maladie ou des douleurs chroniques, cela peut engendrer des comportements ayant un impact sur la santé de l’individu (sédentarité, compensations diverses telles que la prise d’alcool, l’excès alimentaires,…).

Si le corps est maltraité (abus physiques, traumas, troubles du comportement alimentaire,…), cela peut affecter le développement.

Il faut également noter que l’image du corps a une influence sur le comportement sexuel (inhibitions, attitudes phobiques spécifiques, hyper-sexualisation,…).

Travailler sur son insatisfaction corporelle n’est donc ni superficiel ni futile et présente un grand intérêt dans le cadre d’une thérapie.

Face à ce malaise, cette anxiété et/ou cette « honte interne ou externe », les stratégies d’adaptation que l’on utilise pour s’apaiser sont nombreuses. Et qu’elles soient d’ordre comportemental, comme le fait de se camoufler, de vérifier son image sans cesse dans le miroir, d’éviter les contacts sociaux ou d’ordre mental, comme celui de ruminer, de se rassurer avec des phrases positives, de se distraire,…, elles ne font que participer au maintien sur le long terme de la détresse émotionnelle liée à l’insatisfaction corporelle.

Mais alors comment faire ? Comment apprendre à vivre avec cette insatisfaction omniprésente ?

Voici quelques pistes pour vous aider à entreprendre ce travail :

  • Premièrement, essayez de ne pas perdre votre temps à lutter contre cette tendance humaine normale.
    Résistez au sentiment d’urgence de lutter contre cet inconfort et; apprenez à l’accueillir (comme on le ferait en pleine conscience). Ici, le but est d’expérimenter ses pensées et ses émotions à ce moment précis sans porter de jugement et en prenant le temps d’observer ce qu’il s’y passe jusqu’à ce que l’on n’éprouve plus l’urgence de fuir cette situation. Car il ne faut pas oublier que la fuite alimente la détresse sur le long terme.
  • Deuxièmement, il est bon de savoir que si nous n’avons pas de prise sur notre insatisfaction corporelle, nous en avons bien une sur ce que l’on décide d’en faire. Nous pouvons en effet choisir, qu’indépendamment de l’image que nous nous faisons de notre corps, nous allons en prendre soin en abandonnant les maltraitances qu’on lui inflige (pesées compulsives, régimes, hyperactivité, abus de chirurgie,…) et en le respectant (sommeil, hygiène, alimentation, maquillage, vêtements, soins, massages, sport/mouvement,…).
  • Enfin, l’entourage tient également un rôle important dans l’image que l’on porte sur son propre physique. De ce fait, il serait particulièrement judicieux de chercher des contacts « nourrissants », où la singularité de chacun est valorisée, plutôt que la compétition, la comparaison et le jugement. Car avec le temps, cela devrait aider à améliorer sa capacité à dissocier les concepts d’image de soi et de valeur personnelle.

En guise de conclusion, je souhaiterais insister sur le fait que ce qui compte, après tout, c’est d’avoir un corps qui nous donne du plaisir, un sentiment de maîtrise et du sens à la vie. Si nous arrivons à ce stade en thérapie, nous pourrons nous féliciter d’avoir dépassé la souffrance liée à l’insatisfaction corporelle pour qu’elle ne soit dorénavant plus une menace pour son estime de soi.